“Il est difficile de trouver les mots appropriés pour décrire dans quelle mesure mes 30 ans d’amitié avec ma Grande sœur Anita ont influencé ma vie. Faire partie de notre jumelage et de Grands frères Grandes sœurs a été un élément intégral de ma vie depuis aussi longtemps que je me souvienne. Être une Petite sœur était, et est encore aujourd’hui, un élément très important de ma vie, de mon sentiment d’identité, de mon estime de soi et mon sentiment d’appartenance à la communauté. Cependant, si je n’avais que trois mots pour décrire mon expérience en tant que Petite sœur et à titre de bénévole pour le programme Grands frères Grandes sœurs, j’utiliserais les mots « courage, communauté et chance ».
La relation que j’avais avec mon père n’était ni simple ni facile, et elle était loin d’être parfaite. Il était un père célibataire qui faisait son possible pour m’élever, ainsi que mon frère aîné, à une époque où les pères célibataires étaient rares. Malgré les défis que j’ai connus pendant mon enfance, j’ai toujours éprouvé de la gratitude envers mon père parce qu’il a pris la décision de m’inscrire à un programme qui allait façonner ma vie. En tant que parent, je pense qu’il faut beaucoup de courage pour communiquer avec un organisme et demander de l’aide pour son enfant. Mon père savait que j’avais besoin de quelqu’un qui me soutiendrait et me conseillerait comme il ne pouvait le faire. Confronté au découragement, il a placé mon bien-être avant sa fierté, et il a communiqué avec l’organisme. De telles décisions, que je qualifie d’actes de courage, sont prises tous les jours dans nos communautés lorsque des parents, des grands-parents ou leurs aidants naturels font exactement ce que mon père a fait.
Mon profond sentiment d’appartenir et de redonner à la communauté est l’un des aspects les plus importants de ma vie et que j’attribue à ma relation continue avec Anita. Entre cuisiner, préparer des pâtisseries, parler, manger de la crème glacée et se distraire avec des jeux de société – des éléments essentiels à notre relation – j’ai passé beaucoup de temps avec Anita à faire du bénévolat pour divers organismes communautaires, et en particulier pour Grands frères Grandes sœurs. Pendant mon enfance et mon adolescence, notre bénévolat nous a amenés à participer à des campagnes de financement et à des événements locaux, et nous avons aidé l’organisme de toutes les façons possibles. En tant qu’adulte, j’ai passé avec Anita d’innombrables heures à examiner et à discuter les activités des conseils d’administration et de l’organisme en siégeant bénévolement aux conseils d’administration locaux; elle à Fredericton et à moi à Prince George, Saint John et à l’échelon national. Bien qu’Anita ait personnifié l’importance du bénévolat en m’encourageant à participer lorsque j’étais plus jeune, c’est son bénévolat à mon égard que j’admire le plus. En raison de son sentiment inhérent d’appartenance à la communauté et de son désir de changer les choses, Anita a elle aussi communiqué avec l’organisme pour exprimer son désir d’offrir bénévolement son temps pour aider un enfant dans le besoin. Grâce à son appel, la trajectoire de ma vie a complètement changé.
Quand je réfléchis à ma relation avec ma Grande sœur, je pense souvent à la chance que j’ai eue d’être jumelée avec elle. Et quelle chance? La chance qu’à la fois mon père et Anita aient fait ces appels téléphoniques qui auraient des incidences sur ma vie, non seulement pendant mon enfance, mais encore aujourd’hui en tant qu’adulte. La chance qu’après 30 ans, cette personne soit toujours présente dans ma vie pour me soutenir et m’encourager. J’ai une Grande sœur.
Quand je réfléchis à ma chance, je pense souvent à tous les enfants qui n’ont jamais eu comme moi, la chance d’avoir une Grande sœur. Je pense à toutes les possibilités ratées et aux occasions manquées de changer le cours de la vie d’un jeune enfant. Je pense au courage qu’il faut aux parents pour faire l’appel téléphonique, la volonté d’un ou d’une bénévole de téléphoner et de faire une demande, et aux employés qui travaillent fort pour jumeler des « Grands » avec des « Petits ». De ces gestes individuels, la vie d’un enfant, et en fin de compte d’une communauté, peut être changée pour de nombreuses années. L’expérience personnelle que j’ai vécue en raison de ces gestes continue d’alimenter ma passion et mon engagement à redonner aux organismes et en fin de compte à travailler pour inspirer d’autres personnes à poser des gestes semblables ».